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VIVANT MAG

Grand coup de coeur ! Longtemps qu'on n'avait pas autant ri !

On sort de "Public or not Public" heureux. D'entrée, on est charmé par l'énergie et le délire positif des quatre comédiens. La bonne impression de départ ne sera miraculeusement jamais trahie durant toute la durée du spectacle. C'est un feu d'artifice burlesque et délirant.

Nos quatre compères entreprennent de conter au public (sans jamais oublier sa présence active) l'histoire du théâtre, en choisissant justement ce même public comme fil conducteur. Il est donc question de nous face à eux, et c'est LA bonne idée de départ qui est formidablement bien exploitée.

On se laisse embarquer très volontiers dans ce voyage culturel où l'on apprend beaucoup de choses, et où l'on voit défiler tous les genres : des combats de gladiateurs au théâtre kabuki en passant par la commedia dell'arte. Shakespeare ou Rostand sont joués de façon fantaisiste, mais toujours intelligente.

Et nos quatre drilles, aux rôles bien définis dès le départ, ne cessent de dévoiler des talents qui nous enchantent : ils manient l'épée, ils miment, ils chantent, ils improvisent et, surtout, nous tiennent à bout de bras au fil de l'action. Notre attention ne sera jamais relâchée mais, au contraire, suspendue à chacun des gestes de ces histrions capables de changer de registre en un éclair avec une facilité déconcertante, et une fougue communicative. Ils se donnent même la liberté de se moquer un peu d'un genre ou d'un autre, mais ce n'est jamais méchant ou gratuit.

Ils réussissent aussi l'exploit de nous donner la sensation de n'être pas qu'un seul spectateur, mais le public tout entier.  Ce dernier prend la forme d'une vague dans laquelle nous nous dissolvons, car les comédiens nous donnent une vie qui nous fait tous réagir. Le plus grand bonheur vient peut-être de cela : on ne rit pas seul, on ne rit pas contre, mais on rit ensemble, totalement coupés (pour un temps) du monde du dehors si fragmenté. C'est une belle sensation de vie.

On a envie de parler de Public or not Public, comme le fait son auteur, en convoquant la culture et l'intelligence avec une grande légèreté. Citons alors Bergson. Dans "Le Rire" (un essai sur la signification du comique), il nous informe que rien ne désarme comme le rire" ou encore que "la sincérité est communicative." Passionné et sincère, ce spectacle nous désarme totalement... et c'est bon d'être désarmé. Courez voir Public or not Public !

Publié par Florence Hinckel

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"Public chéri, mon amour", déclarait fréquemment Pierre Desproges, disparu il y a vingt ans presque tout ronds. Car le public, on le sait, est le souci constant de l'homme (ou de la femme) de théâtre, ne serait-ce que pour des raisons financières : plus il y en a, du public, et plus il y en a, des sous. Sans compter l'amour-propre, pour ne pas dire la vanité… Mais foin de trivialités, passons aux banalités. Si le comédien, le metteur en scène et tous leurs comparses ne peuvent se passer du public, c'est tout simplement parce que le théâtre a été créé pour lui. Accessoirement c'est aussi, paraît-il, une question de plaisir. Soit.

"Public chéri, mon amour" aurait donc pu être l'exergue de "Public or not public", que… donnent ? balancent, plutôt, dispersent, projettent les quatre garçons de La Quadrilla aux 3T. Au grand dam de ceux qui, dans le public justement, voient tout soudain leur rôle changer. Nous y reviendrons.

"Public or not public", c'est un peu l' "Histoire du théâtre dessinée" d'André Degaine, cette bible, remise sur les planches. Ou, en résumé et par l'exemple, le théâtre de la préhistoire à nos jours, sans oublier de descendre à la station Opéra avant une petite déviation vers le cinéma du quartier.

Soit, donc, l'homme, à qui un coup de massue malencontreux et préhistorique aurait donné l'idée de faire semblant, de faire comme si, de faire du pour de faux tandis qu'en face d'autres font mine de croire que c'est vrai. S'ensuit par voie de descendance directe la Grèce antique, ses coryphées, protagonistes et antagonistes, la tragédie comme chant du bouc et la saga des Atrides. Vous savez, Electre, Andromaque, Oreste...

C'était, prétendent nos quatre compères, le triomphe de la compassion. Ah.

Puis vinrent Rome, ses jeux circassiens, les atellanes (du théâtre de rue, pour simplifier), Papus le vieux libidineux, Macus le niais et Bucco le gros joufflu. Et Virginia, au moins ce soir-là. Suivirent les mystères médiévaux, Virginia et le chant des troubadours, les farces de tréteaux et l'invention du brigadier, ce lourd bâton avec lequel on frappait les trois coups. Et Virginia.

Le reste est mieux connu : commedia dell'arte, réchauffement climatique, Virginia, albatros et gondole – pardon, c'étaient les thèmes de l'impro, ce soir-là. Importation du théâtre à l'italienne, Comédie Française et Opéra Comique, Virginia, tragédie à l'anglaise, arrivée des femmes sur scène (au hasard, Virginia), kabuki – on se demande bien ce qu'il vient faire là, celui-ci – "Des souris et des hommes", la décentralisation, Brecht, Virginia, le théâtre subventionné et le nouveau rapport au public (il était temps qu'on en parle), déconstruction, rap et "2001, odyssée de l'espace". Sans Virginia, enfin retournée à sa place, dans la salle.

Comment ne pas rire à pareil spectacle ? D'un côté c'est du théâtre comique et du bon, du théâtre populaire à belles et visibles ficelles, du fougueux, de l'enlevé puis du sensible aussi, et il ne faut pour cela que deux grandes malles en osier remplies d'accessoires variés (les quatre comédiens, de haute énergie et joyeuse volée, sont sous-entendus).

De l'autre, un théâtre didactique, sérieux dans le fond, délirant dans la forme. Le peu féru de planches y apprendra bien des choses sur les plateaux, leurs dessous, dessus, tenants et aboutissants, tandis que le connaisseur y retrouvera quelques savoirs perdus, goûtera les références, applaudira les détournements. Du bonheur pour tous, comme doit l'offrir le théâtre lorsqu'il est bien fait.

Reste qu'il vaut mieux prendre ses précautions : Stéphane Brel, Nicolas Dandine, Marc Faget et Jérôme Jalabert ne suffisant pas à la tâche de décrire deux mille cinq cents ans d'histoire théâtrale et on ne sait combien de personnages, figures, caractères, emplois et utilités, la participation du public est requise. Sur scène, au besoin. Sans échappatoire possible, puisque les cruels piochent un peu partout et à tout moment. Ce soir-là, c'était donc le tour de Virginia - et de quelques autres. Mieux vaut prendre la chose avec bonne humeur, puisqu'aussi bien on ne va pas aux 3T pour faire grise mine. Et quel comédien oserait faire souffrir son public, ce précieux public, "public chéri, mon amour" ? Aucun. Rideau, noir, saluts... Le spectacle continue.

Jacques-Olivier Badia

Le Dauphiné Libéré

Les Trois Coups

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La revue des passionnés de l’enseignement du théâtre

Public or not public (La Cour du Barouf)

Pour la première fois sur scène, un cours magistral sur la place du public dans l’histoire du Théâtre, des origines à nos jours.Mais attention, pas n’importe quel cours, un cours vu par Carlo Boso, où l’on apprend autant que l’on rit. Les spectateurs parfois mis à contribution découvrent en une vingtaine de tableaux, “véritable chevauchée sauvage dans le temps et l’espace du théâtre”, plus de 25.000 ans de théâtre, de l’homo sapiens, en passant par la Grèce antique, les gladiateurs romains, la censure sous Louis XIV et bien entendu la commedia dell’Arte.

A ne pas manquer non plus, la folle escapade dans le théâtre Nô et l’émouvant passage de “Des souris et des hommes” de Steinbeck. Bref, un revigorant voyage en compagnie de saltimbanques de génie, une déclaration d’amour en hommage au théâtre, orchestrée par quatre comédiens qui rivalisent d’humour, de talent et de générosité. Jonglant avec brio entre le premier et le second degré, masqués ou non, ils chantent, jouent, manient l’épée, improvisent, nous offrent une brillante démonstration des différentes techniques de leur Art. Un spectacle qui devrait être inscrit obligatoirement aux programmes de l’Education nationale. A ne pas manquer.

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